vendredi 30 mai 2008

La dotation horaire globale

Le fonctionnement de la dotation horaire globale

Cette dotation, accordée par le rectorat  (lycées) ou l'inspection académique (collèges) aux établissements est dite:
- horaire  c’est-à-dire calculée en nombre d’heures et non pas en nombre de postes.
- globale, c’est-à-dire qu'elle englobe tous les enseignements dispensés dans l'établissement et que les établissements disposent donc d’une (relative) marge de manœuvre pour répartir ces heures entres les différentes matières.

Sous réserve d’assurer à chaque les horaires minimums prévus par la loi, les établissements ont en gros deux possibilités :
- utiliser cette marge de manœuvre pour créer plus de classes (avec donc moins d’élèves par classe), et donc moins d'enseignements optionnels.
- utiliser cette marge de manœuvre pour développer des enseignements optionnels (dont fait partie l’arabe), en créant moins de classes (avec plus d'élèves par classe).

Ces choix sont arrêtés par le chef d’établissement, avec consultation du conseil d’administration, en fonction du projet d’établissement.

Pourquoi ce système est lourdement préjudiciable à l’arabe

Pour nombre de raisons développées ailleurs sur ce site, l’arabe continue d’attirer moins d’élèves que l’anglais ou l’espagnol. Il n’est pas rare qu’un cours d’arabe ne regroupe qu’une dizaine d’élèves.

Dans ces conditions, conserver un enseignement d’arabe n’est pas rentable pour l’établissement, car le nombre d’heures d’enseignement par élève (H/E), un des éléments centraux dans le calcul de la DHG effectué par les services rectoraux, sera bien moindre dans un cours d’arabe rassemblant 10 élèves que dans un cours d’espagnol en rassemblant 30.

Autrement dit, pour conserver un enseignement d'arabe, l’établissement « sacrifie » x heures de sa DHG pour un petit nombre d’élèves.

Par ces temps de restrictions budgétaire, l’arabe (comme les autres langues peu diffusées) est souvent le premier sacrifié. Or, on ne peut appliquer à des disciplines peu enseignées comme l'arabe, les critères de gestion que l'on applique aux disciplines plus diffusées dont le potentiel en ressources humaines permet ces ajustements.

Ce que veut l’AFDA

Depuis des années, les pouvoirs publics affichent une volonté, qu’on veut croire sincère, de diversifier l’enseignement des langues. Les actes contredisent de façon flagrante ces discours et le système de la dotation horaire globale y est sans doute pour beaucoup.

Nous souhaitons donc que l’arabe, comme les autres langues à faible diffusion, ne soit plus décompté dans les DHG mais que les enseignants soient mis à la disposition des académies avec fixation d’objectifs de développement de la langue.

Cette solution existe déjà pour les langues régionales et elle est au nombre des mesures préconisées par la commission des Affaire culturelles du Sénat en 2003.


En annonçant, en mars 1997, que seraient pris en compte, pour établir la DHG de chaque établissement, les besoins spécifiques nécessaires au maintien des langues les moins enseignées, M. Claude Allègre avait suscité de nombreux espoirs. Mais la réalité n’a toujours pas rejoint les effets de palabres. C’est pourquoi il serait salutaire et urgent pour préserver l’offre des langues minoritaires, de plaider à nouveau pour qu’elles sortent de la DHG et se voient attribuer une enveloppe séparée, traitement de faveur qui existe en outre déjà pour les langues régionales…

M. Jacques Legendre, Rapport  d’information  sur l’enseignement des langues étrangères en France de la commission des Affaires culturelles du Sénat,  Annexe au procès-verbal de la séance du 12 novembre 2003,p.43. Le passage est mis en gras par les auteurs du rapport.

En définitive, cette solution ne coûterait pas plus cher au budget de l'Etat dans la mesure où une proportion inquiétante de nos collègues reste sous employée tandis que la demande d'arabe, elle, demeure insatisfaite. Or, ces enseignants ne demandent pas mieux que d'enseigner l'arabe à plein temps.

Les autorités scolaires disposent donc des personnels nécessaires mais elles préfèrent laisser inemployé ce potentiel humain en l'enfermant dans les limites de plus en plus étroites de la DHG plutôt que de l'utiliser à plein en encourageant la demande d'arabe qu'elles ont les moyens de satisfaire. Il faut donc que l'arabe, comme les autres langues rares, sorte de ce système qui ne lui est pas adapté car il ne permet pas de répondre à la demande qui est réelle.